Et le spectacle continue...

Chacun, on l'imagine, doit bien plus apprécier la chaleur ou l'enthousiame d'un accueil
que les manifestations ou les rassemblements hostiles.
Vérité absolue pour le citoyen ordinaire.
Alors, lorsque l'on exerce des fonctions gouvernementales...et que l'on aspire à une véritable reconnaissance populaire...
La constance zélée du renseignement ne parvient pas toujours à prévenir la portée des réactions que provoque souvent une auguste visite dans un territoire.

Alors, faut-il s'organiser en amont, prévenir tout débordement fâcheux, appliquer les vieilles recettes ayant déjà fait leurs preuves à l'UDR...à l'UDF...au RPR...
Simple...remplir des cars entiers d'inconditionnels ou au cachet, les conduire faire la claque dans la proximité de la personnalité du jour...de préférence sous les projecteurs et les caméras. Dans le timing obligé du 20 heures, bien naturellement.
Quant aux autres, dont on subodore les intentions peu amènes et même résolument contestataires, quel autre moyen que leur maintien à l'écart, bien au-delà, par un solide dispositif policier.

La méthode se vérifierait désormais à chaque déplacement du Président de la république. A lui seul...que non, le grand chef a fait des émules parmi ses affidés. Par exemple...
Le lundi 17 août, lors de la vérification du blocage des prix des fournitures scolaires dans un supermarché de la région parisienne, le ministre de l'éducation nationale a eu l'heureuse surprise de se voir, dès son arrivée, entouré de personnes fort avenantes et parfaitement au courant des détails de l'opération gouvernementale. Non pas des clientes habituelles du magasin, mais des militantes UMP (il paraît que cela existe) venues en groupe soutenir le ministre, avant de repartir dans un cortège de véhicules...
Rapidement démasquée, la supercherie prendra une telle ampleur publique que le directeur du supermarché se croira obligé d'en assumer l'initiative. Obligeamment invité à s'expliquer sur une chaîne publique, le ministre, fort peu disert pour une fois, qualifiera la situation de grotesque...sans toutefois préciser si le propos visait la duperie ou les commentaires...
En d'autres temps, que l'on se rappelle de la démission d'un ministre aimablement surnommé "l'andouille de Vire" par le Canard Enchaîné, après le remplissage d'une salle de son colloque par des figurants rétribués.
L'incident présent ne donnera probablement pas lieu à la démission du ministre.
Sans doute a-t-il déjà fait l'objet d'une sérieuse "remontée de bretelles" par le château. Mais non d'un désaveu public du premier ministre. De sa part, pas l'ombre d'un regret, pas la moindre excuse.
En attendait-on d'ailleurs, tant nos gouvernants actuels font montre d'arrogance et de mépris dans leurs évolutions.
D'objectifs personnels, de plans de carrière reposant sur des actions ciblées de communication.
Peu en importent les conséquences.
La morale en souffre...pas le ridicule...

L'inénarrable n'a pas de limites ou de frontières.
A l'intérieur d'une bastide, en sa place centrale principalement, faute d'un mouvement naturel et ambiant ou d'animations d'envergure, deux édiles se multiplient au grand jour.
Ah, donner aux administrés l'image de sérieux, de dévouement, de compétence et de responsabilité.
Mettre la main à la pâte, renforcer les services ou se substituer à eux...en bleu de travail...ou traverser la place, conscient de la dimension de la démarche, les bras chargés de dossiers probablement majeurs et déterminants pour l'avenir.
L'avenir d'une communauté, d'une cité, d'un territoire communautaire...certes...
Mais aussi, tisser patiemment une toile...veiller à toute opportunité...
Car, quelle humiliation de jouer les seconds rôles, quand d'autres...deux autres...brilleraient surtout par leurs ternes et intermittentes évolutions.
Fort serait le ressentiment, au point qu'il se transporte désormais sur la place publique.
De l'Iznogoud dans l'air...calife à la place du calife...
Sûr que des lézardes dans cette grande famille chagrineraient ici...