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Le blog de Pierre Lalanne
7 février 2010

Asimbonanga...

Février 1990, une longue ligne droite avec, au loin, comme un nuage de poussière.
Des enfants de couleur jouent au football sur un terrain vague entouré d'un haut grillage.
Un cortège qui se rapproche à grande vitesse, des exclamations de joie au passage de l'une des voitures.
De l'autre côté de la route, un terrain, plutôt en bon état, sur lequel s'entraînent de jeunes rugbymen...blancs.
Leurs évolutions cessent un bref instant. Juste le temps pour l'entraîneur de s'écrier "ils ont relâché les terroristes"...
invictusPremières images d'un long métrage. Long, assurément, plus de deux heures.
La libération de Nelson Mandela après 27 ans d'emprisonnement.
Matricule 466/64...
27 longues années, pendant lesquelles il symbolisa l'espoir. De retour à la liberté, il incarne désormais l'avenir. Ce ne sera pas simple. Il lui faudra raisonner les siens, les affronter parfois, eux qui parlent de revanche. Après tant d'années d'aliénation!
Affronter, aussi, ceux opposés à toute évolution démocratique non raciale, à toute réconciliation nationale.
Il sera le modérateur, celui qui oeuvrera pour l'apaisement; "la liberté nouvelle ne doit se faire aux dépens de l'ancien oppresseur" dira-t-il.
Premières élections démocratiques le 27 avril 1994. Il devient président de l'Afrique du Sud.
Invictus, le film de Clint Eastwood, s'attache pricipalement à la période 1994/1995.
Qui voit l'amorce d'un processus inscrit dans l'engagement de deux hommes.
Rencontre du président Nelson Mandela et du capitaine des Springbok, François Pienaar, au palais présidentiel. Le début d'une relation singulière, forte. Une proximité qui sera déterminante. Une cause commune pour la victoire lors de la coupe du monde de rugby 1995...en Afrique du Sud. Enfin, un terme à tant d'années de mise à l'index...
On le mesure : le sport, instrument politique pour ressouder une nation déchirée par quarante ans d'apartheid. Jusque-là, le rugby était réservé aux blancs...les afrikaners.
Ce ne sera pas simple. Y compris au sein même de l'équipe. L'autorité et l'aura de François Pienaar ne seront pas de trop!
Cette visite de Mandela au camp d'entraînement...Il repart avec la casquette du capitaine...Prémonition?
Quelques longueurs sur les différentes étapes de la compétition!
En demi-finale, l'Afrique du Sud vaincra la France sur le score de 19 à 15.
24 juin 1995, le grand jour.
Ellis Park Stadium de Johannesburg, finale de la coupe du monde entre l'Afrique du Sud (les Springbok) et la Nouvelle Zélande (les All Black).
Quelques instants avant le coup d'envoi, un avion s'apprête à survoler le stade. Affolement, panique...un attentat?
Il s'agit d'un appareil de la South African Arways qui traîne une banderole "good luck bokke"...bonne chance garçons...
Autre moment marquant. Emotion forte dans le stade tout entier quand Mandela pénètre sur la pelouse de l'Ellis Park pour saluer les deux équipes finalistes. Stupeur, émotion extrême de le voir revêtu d'un maillot de l'équipe nationale frappé du numéro 6...
Après prolongations, l'Afrique du Sud remportera la coupe du monde, 15 à 12.mandela

Le film de Clint Eastwood ne laisse pas indifférent, même si un sentiment d'inachevé persiste, la dernière image disparue de l'écran.
Trop propre, trop convenu?
Partiel, partial?
Les puristes ont réagi quant à l'approximation ou la crédibilité des séquences consacrées au jeu en raison de libertés criardes avec les règles en vigueur à l'époque, de longueurs interminables, de scènes caricaturales et mal filmées...
D'autres regretteront l'omission de faits tel l'arbitrage à sens unique d'une demi-finale remportée par l'Afrique du Sud contre la France...
Ou des problèmes gastriques dont souffrirent soudainement et bizarrement les joueurs d'une équipe finaliste, les All Black de Nouvelle Zélande...juste avant l'ultime rencontre.
D'autres relèveront l'absence, tout au début, de références à une triste réalité de l'histoire d'un pays et, par la suite, la brièveté des passages sur les réelles et importantes difficultés rencontrées par le processus de réconciliation.
Mais, après tout, n'était-ce qu'un film...
Certes recentré sur un évènement. Aux images souvent agréables, soutenues de plus par la qualité de la bande originale en adéquation parfaite avec le symbolisme du scénario et les traditions culturelles du pays.
A souligner la performance des principaux acteurs. Dans le rôle de l'emblématique François Pienaar, Matt Damon est excellent, bien que manquant un peu de densité...
On retiendra surtout la formidable, pour ne pas dire la magistrale interprétation de Morgan Freedman dans le rôle de Nelson Mandela...Interprétation. Non, incarnation!
La dernière image disparue de l'écran, imaginerait-on que l'évènement aurait résolu les problèmes, tous les problèmes sud-africains?
Après tout, n'était-ce qu'un film...Certes.
Duquel retirerait-on plutôt la certitude qu'il sera difficile, là-bas, de revenir en arrière.

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Commentaires
M
je ne suis qu'une modeste spectatrice mais j'ai apprécié les plans pris pendant les phases de jeu notamment pendant les mêlées.Il n'en reste pas moins que c'est américain avec les bons et les méchants, que de bons sentiments!!ce n'est qu'un film ,je suis pourtant sensible au charme et au talent de Clint Eastwood.<br /> malheureusement l'histoire d'un pays se construit à partir de batailles (parfois sanglantes)autrement plus dures qu'une coupe de rugby.<br /> merci à clint pour cet hommage à Nelson Mandela.
F
L'histoire dit-on est faite de petites histoires..<br /> Avec le film Invictus on retiendra que dans la grande histoire de l'État sud africain une petite histoire aura apporté sa pierre à l'édifice considérable qui attendait Nelson Mandela à sa sortie de prison.<br /> Alors oui ce film retrace une petite histoire. Filmée par un américain et jouée par des américains qui visiblement n'ont jamais vu un ballon de rugby de leur vie. (quelle honte pour nous sudouetistes pétris de culture rugbystique.<br /> Certes ce film n'évoquent pas les 12 cm qui ont manqué à Benazzi en demi finales pour ruiner tous les espoirs des sudafricains...<br /> Mais moi j'aurai retenu une chose de ce film. Qu'une grande idée est faite de petites histoires. L'affirmation de l'identité sudafricaine totalement impensable à l'époque est passée par une petite histoire.<br /> Et si on se souvenait nous de cette soirée de juillet 1998 ou derrière un président en maillot bleu la France Black-Blanc-Beur brandissait le drapeau tricolore toutes voiles dehors et hurlait des marseillaises à s'en faire péter les cordes vocales.<br /> 12 ans après il nous faudrait débattre de notre identité, pour savoir comment être français.. comment mettre un drapeau dans une classe ou connaitre les paroles de l'hymne national.<br /> Alors qu'il suffirait peut être d'une petite histoire en Afrique du Sud (on y revient.).....<br /> Ahh, c'est vrai j'oubliais... La main de Thierry Henry.. il se trouverait bien des esprits chagrin pour dire pis que pendre de tout ca...<br /> Et si la main de Thierry Henri c'était les 12 cm de Bennazzi que n'a pas vu l'arbitre en Afrique du Sud ...<br /> Ahhh la petite histoire, je vous dis... la petite histoire...
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